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TÉMOIGNAGE

Pouvoir d'achat, pouvoir se loger. Du panier de la menagère au panier logement

Paresse intellectuelle, amnésie, aveuglement, résignation, lâcheté, c'est sans doute un peu de tout cela qui, consciemment ou pas, exclut le logement du débat récurrent sur le pouvoir d'achat. Nous avons largement déploré l'absence du sujet durant la campagne présidentielle. Il faut hélas encore rappeler que le logement reste la première dépense contrainte des ménages, pour louer comme pour acheter !

Certes, la dépense étalée sur douze mois est moins visible que le prix du litre de carburant, de la baguette ou du caddy de supermarché, mais elle n'en demeure pas moins la première !
Alors, pourquoi pas un panier logement, miroir du panier de la ménagère ? Il pourrait intégrer les principales composantes du prix réel du logement, telles que loyer ou crédit, charges, taxes, secteur géographique, etc. A méditer sans doute, grâce à une mutualisation de toutes les données que nous récoltons. La propriété reste le meilleur bouclier contre l'inflation des loyers, c'est la raison pour laquelle nous devons agir afin d'augmenter le nombre de propriétaires potentiels, de fluidifier le marché, et de permettre à un maximum de ménages d'augmenter leurs revenus grâce à la location ou d'augmenter leur pouvoir d'achat via une baisse de leurs dépenses contraintes.
Le parcours résidentiel est de plus en plus complexe et aléatoire ; il s'apparente plus dorénavant à un parcours du combattant !
Outre l'augmentation sensible de la taxe foncière, consécutive à l'abandon de la taxe d'habitation, le crédit est toujours plus cher. Gardons à l'esprit cette simple équation : un point de plus sur les taux, c'est dix pour cent de pouvoir d'achat en moins !
Le groupe logement de l'institut Sapiens fait plusieurs propositions dans ce domaine. En voici quelques-unes.

Revoir les règles prudentielles liées aux emprunts

Sans mettre le système en danger, on peut imaginer assouplir les conditions d'accès au crédit, en s'attachant plus au reste à vivre, en permettant aux établissements qui connaissent bien leurs clients de leur faire confiance en dérogeant aux règles les plus strictes. Il faut aussi faire preuve de bon sens ; illustration en deux exemples :
Un locataire appartenant aux deux premiers déciles de revenu est soumis à un taux d'effort plus important qu'en tant que primo accédant ; pourquoi lui interdire alors d'acquérir pour la première fois ? Pourquoi un propriétaire de sa résidence principale remboursant son crédit ne peut-il pas emprunter pour un investissement locatif, sous prétexte d'un taux d'endettement trop élevé, alors que ses revenus locatifs ne sont pas pris en compte ?
Il est d'ailleurs intéressant de constater la prise de conscience un peu tardive de Bercy qui souhaite assouplir, sans rencontrer du tout l'enthousiasme de la Banque de France ! Qui aura le dernier mot ? Il y a urgence : près d'un dossier de demande de crédit sur deux est rejeté ! Rappelons tout de même que les règles de prudentialité du HCSF ont été fixées dans un contexte de taux très bas et de risque de surchauffe !
Remettre en place l'hypothèque rechargeable : on récupère du pouvoir d'emprunt, donc d'achat, au fur et à mesure de l'amortissement de son crédit initial. C'est gratuit et ça ne coute rien au budget de l'état. Faciliter la portabilité et la transférabilité des crédits immobiliers. Voici une autre idée indolore pour les finances publiques : la forte augmentation des taux d'intérêts interdit de fait, à de nombreux ménages l'accession à la propriété, mais freine également les projets de revente puis achat des propriétaires. Transmettre ou porter un crédit à un taux bas record, redistribue du pouvoir d'achat à tous. Certes la banque ne voit pas cela d'un bon oeil, ce serait pourtant, à bien y regarder, un formidable outil de fidélisation de ses clients !

Favoriser la transmission du patrimoine

L'augmentation de l'espérance de vie aidant, les héritiers sont de plus en plus âgés et manquent souvent de liquidités. Hériter à plus de soixante-dix ans ampute de fait les capacités d'investissement des plus jeunes. Il y a urgence à alléger les dispositifs de donation et de transmission en général.

Favoriser la mise en location en créant le statut du bailleur privé

Il semblerait que ce que nous demandons depuis plus de dix ans, ait trouvé une oreille attentive en la personne de notre ministre O Klein. Nous avons déjà longuement développé les vertus d'un tel statut : nous attendons la suite vec impatience !

Faciliter la rénovation énergétique des logements

C'est le sujet du moment et le chantier du siècle ! Les effets positifs sur le pouvoir d'achat seront constatés à moyen et long terme mais ils seront, à court terme, réels pour les occupants qui retrouveront au passage une qualité de vie ! Mais attention à ne pas confondre vitesse et précipitation, et veiller à assouplir le calendrier, qui n'est pas tenable en l'état et risque de retirer des millions de logements du marché locatif, faisant ainsi pression sur les prix et amputant encore plus le pouvoir d'achat logement. L'exigence récente d'un audit énergétique, aussi généreuse soit elle, doit préserver l'équité de traitement entre les différents propriétaires de leurs logements. Tout ce qui précède est indolore pour les finances publiques ; si l'on raisonne à moyen terme, c'est vertueux, c'est simple, c'est du bon sens et chacun peut s'y identifier ! Pourquoi attendre ?

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