Défis à tous les étages

Coté gouvernement et pouvoirs publics, comment gérer les urgences et le court terme sans obérer le moyen long terme ? Le logement est aujourd'hui une véritable bombe sociale à fragmentation ! Conséquence de l'inflation et de l'augmentation des taux d'intérêt, le pouvoir d'achat immobilier chute. La demande locative explose alors que les prix sont toujours aussi élevés. Le chantier de la rénovation énergétique a pour première conséquence de mettre sous risque de disparition du marché, 6 à 7 Millions de logements qualifiés de passoires thermiques. Sans contester aucunement la vertu de cette rénovation, on peut questionner la méthode et le calendrier. Le logement social n'est pas adapté et le taux de rotation est trop faible.

Les écarts entre les citoyens ne cessent de se creuser et induisent un fort sentiment de déclassement qui alimente la colère. Savez-vous par exemple que le taux de propriétaires chez les jeunes ménages modeste a été divisé par deux en 40 ans pendant qu'il progressait de 50% dans les ménages aisés ?

Le logement a donc besoin, à court terme, de soutien mais également besoin d'une politique de relance à moyen et long terme, politique globale et structurante de l'offre, qui devra survivre aux équipes gouvernementales actuelles.

C'est sans doute le premier défi de notre industrie : une union suffisamment forte pour peser sur les décisions du CNR Logement, dont on ne peut dire grand-chose à ce stade. Il faut, c'est certain, commencer par aider les primo accédants qui alimentent notre marché : quid du PTZ demain ? Faut-il accélérer les dispositifs de démembrement de propriété ? Pouvons-nous exiger la transmissibilité et la portabilité des emprunts souscrits ces dernières années à des taux très bas ? Nous devrons répondre présents sur ces sujets politiques.

Mais nous devrons aussi être au rendez-vous de cette révolution technologique qui continue d'accélérer ! La proptech avec entre autres, les annonces en ligne, les appli mobiles, la réalité virtuelle, les réseaux sociaux anciens et nouveaux, Chat GPT et l'IA.

Nous avons également à relever le défi de la qualité augmentée au service du client, en remettant en permanence l'ouvrage sur le métier. La formation, négociée de haute lutte avec les pouvoirs publics, puis validée par le législateur, est la pierre angulaire de notre légitimité et de notre action. C'est notre passeport pour la reconnaissance. Il est vain de croire que l'on peut bricoler ou donner l'illusion d'un savoir faire face à des clients de mieux en mieux informés et de plus en plus exigeants. Les mois qui viennent seront difficiles pour tout le monde, et la différence se fera sur la compétence. La différence se fera aussi sur la transparence et sur le langage de vérité que nous tiendrons aux vendeurs

Le dernier défi, ne concerne ni les pouvoirs publics, ni les professionnels. C'est le défi lancé à nos clients ! Dans un marché qui se retourne, c'est bien sur l'acquéreur qui est le déterminant ; il doit mettre tous ses atouts en avant, à commencer par un financement prouvé. Mais le vendeur ne peut plus rêver à des performances financières telles qu'envisagées voici 12 mois. Le pragmatisme est de rigueur ! Les prix de l'immobilier ont augmenté de plus de 40% en moins de dix ans, tous secteurs confondus. Il n'y a donc rien d'infamant à corriger son prix de vente de 10 à 15% aujourd'hui. C'est le prix à payer pour ne pas rester en dehors du marché. Faut-il enfin rappeler que l'on vend le plus souvent pour racheter, et que dans ces conditions, le prix est lui aussi corrigé ? Drôles de défis que l'on n'aurait pu imaginer fin 2021 ou début 2022, certes, mais nul ne peut les ignorer dorénavant !