N°85
Mars/Avril 2022
OPINION

Le logement est-il de droite ou de gauche ?

VISION GLOBALE, AMÉNAGEMENT, TERRITOIRE

En cette période électorale, la question peut déranger. Il est pourtant possible de sortir de cette politique binaire et des postures idéologiques qui clivent nos raisonnements. Cette nuit j'ai fait un rêve.

Rédaction | Jean francois Buet - Photo | DR

Buet

J'ai rêvé d'un pays où la santé et l'emploi étaient au coeur des volontés de nos dirigeants, sans polémiques, sans partis pris, sans changements de cap incessants, sans calculs machiavéliques. Pour couronner le tout, une vraie vision globale du logement et une politique adaptée d'aménagement des territoires permettaient de répondre aux besoins de nos concitoyens. Ce pouvait être ce que certains appellent « les jours heureux ».

Force est de constater que ces cinq dernières années n'auront pas démontré dans ce domaine, une ambition collective de nos élites et des résultats à la hauteur des enjeux : baisse significative et constante de la production de logements neufs, baisse des aides au logement, mise en oeuvre de la RLS (réduction du loyer de solidarité) qui pénalise l'équilibre économique des bailleurs sociaux, augmentation de la fiscalité (taxes foncières, CSG-CRDS) pour les bailleurs privés, et « en même temps » suppression de la taxe d'habitation pour 80% d'entre nous, sans que nous sachions comment cette baisse de ressources sera compensée pour nos collectivités locales.

La stratégie aura également passablement manqué de clarté sur un certain nombre de dispositifs : face à l'explosion des tarifs du chauffage pourtant prévisible, le gouvernement après avoir mis en place le chèque énergie de 100?, propose une extension du bouclier tarifaire sur le gaz qui couvrira les logements non éligibles au tarif règlementé via un mécanisme de compensation qui sera détaillé ultérieurement. Cela s'appelle une usine à gaz.

Pas mieux pour la règlementation sur les diagnostics de performance énergétique (DPE), avec l'ultime modification de la méthode concernant les bâtiments construits avant 1975 qui permettra aux propriétaires qui le souhaitent de solliciter une réédition de leur DPE réalisés avec l'ancienne méthode avant le 31 mars prochain...

La simplification administrative tant annoncée par le candidat Macron en 2017, ne trouvera pas non plus son écho dans la loi Climat et résilience du 22 août dernier dite ZAN. Je ne parle pas de cette confiserie à base de réglisse, mais bien de ce texte qui fixe comme objectif « l'absence de toute artificialisation nette des sols » ou zéro artificialisation nette. Si l'objectif est louable, un certain nombre de questions demeurent.

Pour construire plus sur moins de terrains, il faut densifier. Mais pour densifier, nous aurons besoin d'une politique plus efficace et plus rapide dans l'acte de construire (réduction des recours et des délais administratifs, maitrise des coûts, simplification des procédures...).

Toutes ces thématiques techniques, financières, règlementaires ou administratives ne relèvent pas systématiquement d'un clivage idéologique. C'est bien là la limite du centralisme jacobin. L'évocation du terme logement sous-entend logement social. Pourquoi évoquer cette terminologie eu égard au logement libre, privé, public ou intermédiaire ? La référence au marché immobilier quant à elle, laisse à supposer que le marché est libéral et l'immobilier synonyme uniquement d'argent voire de spéculation. Posture réductrice ! Ce n'est pas en opposant la dialectique du logement et celle de l'immobilier que les solutions apparaitront, mais plutôt par une vision globale d'aménagement des différents territoires.

La problématique est celle du pouvoir d'achat de nos jeunes générations et leurs difficultés à se loger près de leur emploi. La solution passe par une offre plus importante de biens à loyers accessibles pour les plus démunis. Ces logements, qu'ils viennent du public ou du privé doivent faire l'objet d'aides (APL, ANAH, conventionnement, fiscalité réduite.). Il faut revoir la simplicité et la dégressivité des aides en fonction des situations pour s'adapter aux évolutions et aux besoins des demandeurs.

Nos 4,7 millions de logements dits sociaux (sur 36 millions de logements, soit 13% du parc) logent 11 millions de personnes (sur 67 millions d'habitants, soit 16%) alors que deux citoyens sur 3 ont actuellement des revenus leur permettant d'avoir droit à ce type de logement.

Une réflexion s'impose.

Nos primo-accédants, qui sont le second maillon du parcours résidentiel doivent être soutenus et pouvoir devenir propriétaires sous conditions de ressources en bénéficiant de droits d'enregistrement réduits, de TVA minorée ou de financements souples et avantageux.

Ainsi, la chaine du logement sera rétablie.

Chaque territoire ayant ses spécificités, il faut déconcentrer, simplifier, aménager localement en redonnant du pouvoir aux régions. Nous devons avoir une vision plus globale, et non réductrice et stérile d'opposition des locataires/propriétaires, urbains/ruraux, social/libre, public/privé, qui génère le « en même temps » de la droite et de la gauche. C'est en évitant de stigmatiser les uns et les autres, mais en réunissant tous les acteurs de l'acte de construire jusqu'à l'optimisation de la gestion de l'existant, que nous réussirons le pari du logement pour tous.

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Expression #85

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