Logo Expression

OPINION

Gouverner c'est prévoir

Le nouveau DPE, diagnostic de performance énergétique, devait à compter du 01 juillet dernier « Permettre d'aborder sereinement et clairement l'efficacité énergétique des logements, avec une présentation plus facile, et une fiabilité plus grande ». En fait les professionnels constatant des premiers résultats tout à fait anormaux durant l'été, le ministère avait alors annoncé le 24 septembre suspendre ces DPE pour tous les logements datant d'avant 1975, c'est à dire un logement sur deux !

Un nouveau DPE est donc testé depuis le 1er novembre. Est-il stupide de penser que le test aurait pû être effectué avant plutôt qu'après la publication ? Autre exemple, la loi « Climat et Résilience » plus de 300 articles (tout un programme) publiée le 24 août dernier devait rendre obligatoire la réalisation d'un audit énergétique lors de la vente d'une maison considérée comme une passoire énergétique classée en catégorie F ou G. Mais le ministère constatant ultérieurement que le délai était trop court pour développer les logiciels et former un nombre suffisant de professionnels qualifiés, ce qui aurait ainsi bloquer des ventes, a alors décidé de repousser l'application de la loi au 1er septembre 2022. Mon grand-père appelait cela « mettre la charrue avant les boeufs ». Ce mois de janvier, nous apprenons que les centrales à charbon vont être remises en fonctionnement plus longtemps que prévu afin de faire face au manque d'électricité généré par la fermeture pour entretien de centrales nucléaires. Dans 3 ans, au 1er janvier 2025, les logements classés en G seront considérés comme indécents et donc exclus de la location. Trois ans plus tard ce sera au tour des logement classés F, puis D en 2034. Qui paiera ? Où trouver des fonds, des aides, des financements ? Les bailleurs sont -ils à ce point aussi riches ? En réalité, notre société vit au rythme d'une hyper communication, quoiqu'il en coûte. Le « en même temps » a ses limites. Pour élaborer une politique du logement efficiente il faut avoir une vision globale d'aménagement du territoire prenant en compte tant les flux migratoires, que la poussée démographique et les évolutions des besoins de nos concitoyens (familles monoparentales, télétravail, envie plus d'espace.). Comment d'un côté, affirmer que le logement est une rente, et de l'autre ne pas favoriser la production, tout en complexifiant sa fiscalité ? Cela s'appelle confondre logement et immobilier. Les mots ont un sens. D'ailleurs si le logement est une rente, il l'est pour l'Etat avec près de 100 milliards de prélèvements fiscaux par an (TVA, Taxes foncières, impôts revenus fonciers, taxes, CSG-CRDS, et droits de mutations.). Nos prélèvements sociaux ont atteint des montants record depuis la dernière augmentation au 01 janvier 2018. Ainsi affirmer que l'immobilier est un investissement non productif à notre économie, est une gageure. Construire ou rénover, c'est aussi et surtout créer de l'emploi non délocalisable, c'est rendre attractif nos bassins d'activités économiques, c'est loger nos concitoyens les plus nécessiteux, c'est proposer un projet de vie et offrir une alternative à la retraite par répartition. Oui, il faut construire plus et mieux et surtout là où sont les besoins. Il faut enfin cesser le découpage par zones A, B ou C, qui ne correspond plus à rien. Il faut inverser dégressivité de la fiscalité de la plus-value immobilière sur les terrains à bâtir, à compter de leur constructibilité. Il faut renforcer le logement intermédiaire, car le logement social ou très social concerne une trop grande population. Il faut relancer la primo-accession, qui seule peut maintenir une activité non spéculative, en entretenant et développant les parcours résidentiels qui permettant ainsi de contenir les prix par une offre plus large. L'année 2021 aura constater un grand nombre de transactions, mais voit les prix atteindre des sommes inaccessibles pour beaucoup, et surtout une baisse inquiétante de la production. Le grand danger serait d'avoir une lecture simpliste de ce domaine économique qui attend encore le choc de simplification administrative pourtant promis. ! L'augmentation de la population et son vieillissement, le besoin de plus de surface à vivre, les mutations plus rapides, obligent à densifier nos villes moyennes et grandes. D'autant que l'objectif ZAN, zéro artificialisation nette des sols (ne plus consommer de foncier), est pour demain. La densification est donc inéluctable. C'est pourquoi il faut lutter contre les réfractaires des autorisations de construire, tout cela dans un juste équilibre et avec pédagogie. La mission n'est pas simple, mais c'est en misant sur les villes moyennes et surtout en décentralisant les règles ou les aides que nous obtiendrons plus de pragmatisme, d'équité, de bon sens. Les professionnels de l'immobilier confrontés chaque jour aux atermoiements administratifs et aux difficultés de loger leurs concitoyens, formulent des voeux de réussite au futur gouvernement en replaçant le logement au coeur du débat de 2022.

© 2024 acheter-louer.fr, Toute reproduction même partielle est strictement interdite

#Vision globale

#Anticipation

#Logement intermédiaire

Partagez :

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée