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FÉDÉRATION / SYNDICAT

Une saison très politique pour la FNAIM

Jean-Marc Torrollion DR

Alors que le marché accuse un léger ralentissement, la FNAIM craint que les mesures concernant la rénovation énergétique des logements ne l'accentuent encore. Un premier combat a été remporté avec la suspension des diagnostics pour les biens construits avant 1975. Mais la fédération milite aussi pour la mise en oeuvre de diverses mesures fiscales. Du 29 novembre au 1er décembre, son congrès sera sans doute l'occasion d'obtenir des éclaircissements sur ces points et sur la vision des différents partis en matière de politique du logement.

Comment se porte le marché immobilier alors qu'une sortie de crise sanitaire se profile ?

Le marché continue sur un cycle exceptionnel, même s'il y a l'impression d'une pénurie d'offres. Celle-ci plutôt est plus due à une rotation très rapide des ventes qu'à une réelle pénurie. En revanche, le durcissement des conditions d'octroi* - suite à la transformation en normes des consignes du HCSF - aura sans aucun doute un impact dans le financement des acquéreurs. C'est encore difficile d'en mesurer les proportions, mais on peut tout de même craindre une baisse du nombre de transactions.

La hausse des prix ne risque-t-elle pas également d'entrainer un ralentissement des ventes ?

Je ne pense pas qu'une hausse des prix conjuguée à une possible hausse des taux aura réellement un effet ciseaux sur les capacités d'achat de nos acquéreurs : il reste encore de la marge sur un certain nombre de secteurs. Ce qu'il faut surtout observer, c'est que la politique actuelle conduit à une pénurie de logements avec une baisse de la production dans le neuf. Production qui d'ailleurs n'est pas destinée aux particuliers, mais de plus en plus au logement social et à la vente en bloc. Cela pose un vrai problème. Je suis donc persuadé que dans ce contexte, le marché de l'ancien n'a pas terminé sa dynamique.

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est temporairement suspendu pour les logements construits avant 1975, mais va reprendre à compter du 1er novembre avec un nouveau mode de calcul. Est-ce un soulagement ou allons-nous au-devant de nouvelles complications ?

Cette suspension est le fruit de l'action de la FNAIM qui a su démontrer qu'il y avait une problématique sur la tranche des logements construits entre 1948 et 1975. Nous avions détecté des anomalies dans les diagnostics de ces logements, engendrant une explosion des passoires thermiques. Des corrections ont été apportées par un arrêté qui vient d'être publié, avec la décision d'une période transitoire d'un mois durant laquelle les agents immobiliers et les administrateurs de biens ne seront plus dans l'obligation d'afficher le diagnostic de performance énergétique pour ces biens précis, à la vente ou la location, à condition qu'ils aient bien commandé le diagnostic. En cas de vente ou de rédaction de bail, ils produiront le DPE issu du moteur de calcul en vigueur au 1er juillet 2021. Dans un mois, le nouveau moteur de calcul permettra d'établir des diagnostics cohérents, qui seront dès lors, les seuls à être applicables.

Alors que le projet de loi de finances 2022 est déjà en cours de préparation, demandez-vous l'intégration de mesures fiscales qui permettraient aux propriétaires bailleurs de procéder à la rénovation énergétique de leurs logements ?

Il faut être clair : lorsque l'on discute avec eux, les élus locaux et l'ensemble de la classe politique nous déclarent que les objectifs affichés par la loi Elan et par la loi Climat et résilience pour 2025 ne sont pas atteignables. En attendant que la lucidité et le pragmatisme se fassent jour, je crains un désinvestissement massif dans le parc privé locatif. Je recommande donc deux mesures fiscales, dont l'une - offensive - consiste à doubler le déficit foncier imputable sur le revenu pour les bailleurs propriétaires d'appartements F ou G qui réalisent des travaux de rénovation énergétique d'ici 2028. En parallèle, en cas de désinvestissement, il faut rendre éligible au Denormandie dans l'ancien toute revente de logements F ou G qui sera remis en vente après rénovation. Les amendements déposés dans le cadre du projet de la loi de finances viennent d'être rejetés, mais vont être à nouveau défendus au Sénat. Je tiens à souligner qu'ils ont été déposés par les membres de la majorité et de l'opposition, ceux-là mêmes qui ont voté la loi Climat et résilience. C'est bien la preuve d'une prise de conscience dont seuls le Gouvernement et Bercy ne prennent pas la mesure.

Pour soutenir la rénovation énergétique des copropriétés, la FNAIM s'associe à la Centrale de Financement, l'un des acteurs majeurs du financement des rénovations de copropriétés. Pourquoi cette association et comment va-t-elle se matérialiser ?

Un syndic devra demain faire preuve d'ingénierie financière pour ses copropriétaires. Cela passe par l'optimisation et l'explication des aides de l'État - comme MaPrimeRenov' et MaPrimeRenov'Copro - et par sa capacité de négocier les certificats d'économies d'énergie liés aux travaux proposés, ainsi que par sa capacité à proposer des financements pour la réalisation des travaux. Nous attendons donc de ce partenariat qu'il apporte de la fluidité à ce dernier point.

Le congrès approche. Qu'en attendez-vous cette année en particulier, après un an et demi de crise sanitaire ?

J'en espère d'abord un rassemblement et de la convivialité pour la communauté des entrepreneurs de l'immobilier. Leur appétence pour ce rendez-vous est très forte. Tellement que nous avons agrandi la surface d'exposition. Je souhaite aussi que nous ayons une réflexion de haut niveau concernant la politique du logement de demain. Pour en débattre, seront présents des économistes, des politiques ainsi qu'un plateau consacré à la ville de demain. Je cherche aussi à ce que les entrepreneurs présents puissent se ressourcer, trouver de nouvelles motivations et de nouveaux projets entrepreneuriaux, échanger.

Des représentants de la plupart des partis politiques français ont aussi été invités. Que leur demanderez-vous ?

Nous leur demanderons leur vision de la politique du logement. Je souhaite qu'on puisse aller dans le détail de leurs connaissances et de leur volonté : quelle est leur vision de l'équilibre des territoires, du marché de l'accession, de l'immobilier de loisir ? Quelle est également leur volonté de production de logements demain ? À travers leur prise de parole, la FNAIM souhaite connaître leur regard sur le parc privé - qui représente 83 % du parc total de logements en France - et sur lequel les politiques s'expriment trop peu.

* À partir du 1er janvier prochain, les recommandations émises par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) sur l'accès au crédit immobilier des Français se transforment en normes : elles définissent un taux d'endettement maximum de 35 % des revenus et une durée d'emprunt maximale de 25 ans dans l'ancien et de 27 ans dans le neuf. nos professionnels sur la rénovation énergétique. Prochainement, nous souhaitons aussi communiquer sur l'attractivité de nos métiers pour faciliter le recrutement de nos chefs d'entreprise. L'idée est de façonner une image d'agilité, de technologie et d'humanité du professionnel FNAIM.

Photo | Jean-Marc Torrollion DR

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