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OPINION

La Covid et la grenouille

Les périodes de crise, de pandémie voire de guerre, ont cela de commun qu'elles génèrent toujours des mutations profondes, des problématiques nouvelles mais aussi des opportunités surprenantes et un regain d'initiatives ou de créativité.

Certaines personnalités se révèlent à la surprise du plus grand nombre, tant dans l'excès de mauvais sentiments pour les uns que dans l'excès de bonté pour d'autres. Mais il faut bien constater que la plupart des français maltraités par la succession de confinements, de déconfinements, de couvre-feux, d'interdictions, de contraintes, d'annonces et de recommandations voire de contradictions, se renferment dans leur quotidien limité au « boulot-dodo ». Sans compter qu'avec la règle du télétravail, le boulot se trouve de facto juste à côté du dodo. L'individualisme s'en trouve renforcé, et les esprits fragiles ou résignés sont même encore plus prêts à accepter les directives gouvernementales, règlementaires ou sociétales de tout poil. Et puis, la règle du distanciel (le virus c'est l'autre) et l'impossibilité de se retrouver de façon conviviale contribuent à la méfiance et à l'endormissement des foules. Chacun devient alors une grenouille dans son bocal, qui apprécie la tiédeur de l'eau au risque ne pas se rendre compte que la température peut monter jusqu'à l'ébullition. Les habitudes une fois prises, il sera un jour trop tard pour réagir, pour revenir sur des concepts qui se seront imposés, des pratiques qui seront établies, des places prises par des arrivants d'un nouveau genre. Notre profession n'y échappe pas et se laisse endormir. Le « chacun pour soi » gagne du terrain alors que ce devrait être au contraire un moment unique pour se serrer les coudes, se rassembler, se réunir, virtuellement bien sûr. La conséquence est directe, d'autres prennent position à notre place et nous volent notre légitimité. Ils s'installent durablement dans notre environnement comme des coucous. Ils nous volent la vedette, en laissant penser que ce sont eux les professionnels référents. A titre d'exemple, est-ce normal que les discours sur les évolutions des marchés immobiliers soient tenus par nos amis les notaires qui réalisent moins de 8% du marché des transactions en France et ne visitent que très rarement les biens pour lesquels ils rédigent les actes authentiques ?

Ne serait-ce pas le rôle des professionnels de la transaction, qui sur le terrain chaque jour, connaissent parfaitement leur secteur, voient, visitent et entendent les besoins des acquéreurs et des vendeurs ? Est-ce normal que les représentants de portails immobiliers qui sont nos chers fournisseurs, en fassent de même en laissant à penser à nos clients, qu'estimer son logement peut se faire en ligne par un simple calcul algorithmique basé sur les seuls prix au m2 ? Les experts que nous sommes, savent trop bien que les paramètres d'évaluation sont multiples et qu'il est illusoire de sortir un prix du chapeau sans vérifier sur place l'orientation, l'étage, les prestations, les éléments d'équipement, ou même la date de construction ou les procédures en cours... Nos organisations professionnelles, réseaux, indépendants, regroupés ou représentés par exemple par leur propre portail immobilier, celui qui vient de faire une levée de fonds remarquable de 23 millions d'euros, Bien Ici.com, doivent s'imposer comme La référence. Est-ce normal que la parole sur les besoins de construction de logements, qu'il faut porter au-delà de 350.000 unités par an, soit tenue par les représentants des métiers du bâtiment qui sont encore une fois les fournisseurs des donneurs d'ordre ? Concernant la production de logements neufs, n'est-ce pas plutôt le rôle des porte-paroles des promoteurs, des constructeurs de maisons individuelles et même de ceux des bailleurs sociaux ? Qui déposent les demandes de permis de construire ? Qui prend des risques ? Qui financent ? Qui conçoit les logements de demain ? Quand reprendrons-nous la main sur ce qui est un holdup intellectuel ? Il est temps de sortir du bocal avant d'être complètement annihilés. Même s'il est toujours plus facile de diviser que de rassembler, c'est pourtant bien maintenant, en coopérant, en réseautant, en fédérant, en réunissant, que les grands projets d'aujourd'hui pourront apporter la réussite de demain. Nous avons justement tous besoins de nous téléphoner, de communiquer, d'échanger, de construire et de ne pas subir le futur. Profitons de cette période de transition pour nous ressaisir, pour nous rapprocher et reprendre la place qui doit être la nôtre. La COVID doit être l'occasion de redonner toute sa vigueur à la grenouille.

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