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FÉDÉRATION / SYNDICAT

FNAIM : Plus de soutien aux agences de location saisonnière, plus d'incitation fiscale pour la rénovation énergétique

JM Torrollion DR

Entre les difficultés rencontrées par les agences de location saisonnière de montagne, un marché en manque d'offres, mais où la demande existe, et les différents chantiers de la rénovation énergétique. Le secteur immobilier oscille entre bonnes et mauvaises nouvelles, tentation de découragement et volonté d'avancer. Pour la FNAIM et son président Jean-Marc Torrollion, l'agenda 2021 s'annonce donc chargé.

LA FNAIM A PUBLIÉ LES CHIFFRES DE L'IMMOBILIER 2020. MALGRÉ LA BAISSE DES TRANSACTIONS DURANT LE PREMIER CONFINEMENT, LE BILAN N'EST PAS SI MAUVAIS.

Il est en tout cas bon en termes d'activité et correct pour nos entreprises adhérentes qui ont plutôt bien passé l'année 2020 grâce aux mesures de soutien du Gouvernement (chômage partiel et PGE). À ce constat, quelques exceptions : les agences qui font de l'immobilier d'entreprise ont été très impactées par la crise et ont dû réduire leurs effectifs. La période a également été délicate pour les créateurs, le contexte ne se prêtant pas au lancement d'une nouvelle activité ou à la constitution d'un fonds de commerce.

QU'EN EST-IL DES AGENCES DE LOCATION SAISONNIÈRE ?

Elles sont en grande difficulté. Nous avons depuis longtemps alerté le Gouvernement sur ce point parce que nous avions anticipé les ouvertures tardives, puis finalement les non-ouvertures, des stations de ski. Parmi nos agences adhérentes, 800 font de la location saisonnière (dont 400 à la montagne). Aujourd'hui, nous observons avec inquiétude qu'elles sont presque à l'arrêt. En novembre, le Gouvernement nous avait promis que s'il était constaté une baisse du chiffre d'affaires de près de 50 %, ces agences seraient rattachées à la catégorie S1 qui peut bénéficier des meilleures mesures de soutien dans le cadre du Plan montagne. Mais en réalité, la plupart des agences n'atteignent pas ce seuil parce que la branche de la location saisonnière ne représente « que » 30 à 40 % de leur activité globale. C'est peu au regard de l'administration, mais c'est redoutable pour un chef d'entreprise. Nous mettons ainsi en danger toute une filière qui risque, si nous ne faisons rien, d'être à long terme gérée par des plateformes, alors même que ces entreprises sont impliquées dans le dynamisme de territoires vivant du tourisme et dans le maintien de bassins d'emplois. Il y a là un enjeu sociétal. Je souhaite absolument faire reconnaître cette branche de notre secteur comme étant sinistrée par la fermeture des stations de ski. Je m'inquiète d'ailleurs également pour les agences du littoral qui vont devoir anticiper les difficultés des mois à venir.

COMMENT ENVISAGEZ-VOUS L'ANNÉE À VENIR ? DOIT-ON S'ATTENDRE À UNE PÉNURIE DE L'OFFRE ? ET CONCERNANT LES PRIX ?

Nous manquons effectivement d'offres, les Français gardant leur immobilier ou remettant leurs projets à plus tard en ces temps incertains. Pour autant, la demande en investissement ou en transaction classique est là, au moins équivalente - voire même supérieure - à l'offre disponible sur le marché. Quant aux prix, on observe un tassement dans les villes où l'immobilier était jusqu'ici très performant (à Paris ou dans les grandes métropoles), mais sans effet d'effondrement ou de baisse réellement perceptible.

LE NOUVEAU DIAGNOSTIC DE PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE A ÉTÉ PRÉSENTÉ DERNIÈREMENT. QUE PENSEZ-VOUS DE CETTE REFONTE ?

Elle est globalement positive parce qu'elle va vers un document beaucoup plus clair, compréhensible de la part du consommateur. Elle introduit en outre, ce qui est pour nous une surprise, un seuil dans l'émission de gaz à effet de serre avec un effet correctif à l'égard des sources d'énergie. Deuxième nouveauté : ce DPE prend en compte les qualités techniques intrinsèques du bien et non le coût d'usage et des factures effectives d'énergie. Ce sera donc la performance énergétique pure du logement qui sera dorénavant jugée. Enfin, un troisième changement fondamental : le caractère opposable, à savoir que le vendeur se portera désormais garant - et donc qu'il engagera sa responsabilité personnelle - des renseignements contenus dans le DPE. Tout cela signifie que demain, ce DPE aura une influence sur la fixation de la valeur des biens immobiliers ou des loyers.

QUEL AVENIR POUR LES LOGEMENTS TROP ÉNERGIVORES ET EST-CE QUE CELA NE RISQUE PAS D'IMPACTER LES PROJETS IMMOBILIERS DES FRANÇAIS ?

Il y a là un véritable enjeu : le droit fondamental de tirer un revenu d'un bien immobilier se trouve effectivement altéré par ce nouveau classement, et si certains propriétaires s'engagent dans une rénovation, d'autres préfèreront peut-être vendre un bien classé F ou G. Nous assisterons sans doute à la naissance d'un marché de biens à rénover. Pour aider les investisseurs à rénover, il faut donc les accompagner par des mesures de soutien fiscal, telle la mise en place d'un Denormandie dans l'ancien pour tous les logements dont les travaux permettraient de les maintenir sur le marché locatif. Pour les bailleurs qui souhaitent rénover, nous souhaitons que le déficit foncier imputable sur le revenu soit doublé afin de créer un effet booster de la rénovation énergétique. Pour les bailleurs qui n'en ont pas les moyens, nous devons reconsidérer MaPrimeRénov' à l'aune de cette nouvelle obligation.

EN MATIÈRE DE COPROPRIÉTÉ, LE PLAN PLURIANNUEL DE TRAVAUX NE SERA FINALEMENT PAS OBLIGATOIRE. EST-CE UNE DÉCEPTION ?

Non, car si le plan pluriannuel de travaux n'est pas obligatoire, son élaboration, elle, le reste. Qui plus est, assortie d'un DPE collectif. Et s'il n'est pas adopté par l'AG des copropriétaires, le PPT devra néanmoins être régulièrement mis à l'ordre du jour, être inclus dans les carnets d'entretien et aura pour effet de circonscrire l'utilisation des fonds travaux d'une copropriété. Pour moi, la tendance sera donc plutôt à son adoption, en l'étalant dans le temps.

L'ASSOCIATION DES RESPONSABLES DE COPROPRIÉTÉ (ARC) A DERNIÈREMENT DÉNONCÉ UNE ABSENCE DE DÉBAT DANS LES PRISES DE DÉCISIONS DES COPROPRIÉTÉS. LE COMPRENEZ-VOUS ?

Je ne comprends pas cette prise de position, car malgré le contexte difficile, nos syndics réussissent à administrer nos copropriétés, à réaliser nos AG et à faire voter des travaux. Je n'ai pas connaissance de remise en cause de décisions prises au moment des débats, organisés et accompagnés par les syndics. J'inviterais donc l'ARC à prendre à bras le corps les innovations et à les promouvoir positivement plutôt que d'adopter une attitude conservatrice.

Photo | JM Torrollion DR

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