Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

C'est un peu l'interrogation que suscite le plan de relance de l'économie et son volet logement via MaprimeRénov'. Sur le plan positif, l'effort est bien porté sur la transition énergétique, c'était prévisible et c'est tant mieux !

L'élargissement aux ménages aisés, aux bailleurs et aux copropriétés dans leur ensemble est de bon augure ; il a été salué par nos instances professionnelles et par celles du BTP. Il était logique de redonner de l'élan à une volonté politique de réduction des passoires thermiques, de rénovation des bâtiments, de facilité d'action dans les copropriétés, afin d'initier un cercle vertueux au plan économique. Pourtant, à bien y regarder, subsistent des points de vigilance et des points négatifs avérés. Vigilance car la réussite du plan passe par la rapidité de sa mise en oeuvre et le constat tout aussi rapide sur le terrain avec les premières commandes de travaux, destinées à soutenir immédiatement l'activité. Or les travaux sont éligibles dès octobre, mais l'inscription au logiciel MaprimRénov sera disponible en janvier 2021 ! Il est urgent de clarifier. Vigilance car l'aide de deux milliards d'Euros sera répartie sur deux ans et son impact direct devra se mesurer rapidement. Vigilance encore quand on sait que Bercy voulait conditionner les aides aux bailleurs à une baisse immédiate des loyers ! Quelle dichotomie entre cette vision technocratique et la réalité du terrain ! Fort heureusement, nos instances professionnelles sont montées au créneau, et nous avons échappé au pire. Les points négatifs sont hélas nombreux !

La petite musique vantant les vertus de l'encadrement des loyers ressurgit, y compris dans la bouche de notre ministre.

... Et l'on peut légitimement se poser la question, pourquoi ? La construction de logements neufs ne cesse de souffrir depuis deux ans. Les permis de construire et les mises en chantier sont en berne. L'objectif d'un rééquilibrage progressif entre l'offre et la demande s'éloigne encore plus. Et pourtant nous savons le déséquilibre structurel entre l'offre et la demande, nous savons que construire des logements a un effet direct sur la création d'emplois et sur l'économie !

Au surplus, une politique globale de la transition énergétique passe par la construction neuve, passe par une nouvelle approche, une nouvelle philosophie de l'urbanisme, un nouvel art de vivre en repensant le logement de demain, autour par exemple, d'espaces partagés, de services digitaux, d'espaces extérieurs, d'accès à la mobilité et à la proximité des services et des transports et d'autres encore. Et « last but not least » Action logement semble être une victime collatérale et se voit ponctionnée de 1,3 milliards d'Euros ! Rappelons, s'il le fallait encore, que la chaine du logement passe aussi par le logement social, que cet organisme paritaire obtient des résultats remarquables. Devons-nous nous inquiéter pour le logement social, ou pour le paritarisme ?