Agilité réactivité et pensée globale

L'agilité et la réactivité se mesurent à notre capacité à intégrer rapidement les nouveaux comportements et demandes de nos clients. Une demande toujours très forte de logements étudiants, une baisse de fréquentation d'airbnb, une mobilité professionnelle qui se cherche, voilà quelques pistes. A cela ajoutons le confinement qui a mis en avant le télétravail, dopé les demandes de co-living pour des clients qui ne souhaitent pas s'engager sur le moyen et long terme, mais sont à la recherche de plus de convivialité, de flexibilité, de services comme la gestion du linge, les dépannages, les courses par exemple. Des Start-up telles Koliving proposent des formules tout inclus avec, c'est une évidence un accès internet haut débit. Ceci éclaire d'ores et déjà le sujet des futurs immeubles à construire ou rénover. Voilà pour l'agilité et la réactivité.

Le marché est toujours déséquilibré, dans un ratio offre/demande qui pèse toujours autant sur les prix de la location comme de l'acquisition. Les causes sont connues : manque de construction, et rénovation massives du parc existant, et plus récemment, des taux d'intérêt si bas qu'ils ont dopé le marché... sans aucune reconstitution des stocks de biens à vendre ou à louer. Les loyers restent élevés, mais, pour autant, l'encadrement n'est pas la bonne solution. Les prix stagnent mais ne baissent pas encore de manière significative, alors que de plus en plus de candidats à l'acquisition ne peuvent plus emprunter à cause des restrictions appliquées. C'est bien un marché à double voire à triple vitesse qui s'installe sans crier gare. Mais puisqu'il s'agit de plan de relance (je vais y venir), il n'est pas question de laisser les primo-accédants et les classes moyennes sur le bord du chemin. Ce sont eux qui forment les gros bataillons des acquéreurs, qui, avec les investisseurs privés ont pris toute leur part dans le record de ventes battu en 2019. Rappelons rapidement que le logement commence par une construction ! Le logiciel est à revoir, en commençant par une simplification administrative, une réduction des délais d'instruction, et pourquoi pas une dépose en ligne des permis de construire. C'est aussi accepter une densification intelligente et raisonnée dans les villes. Le logement rattaché à l'écologie dans notre gouvernement est un signal fort envoyé à la chaine de valeur de la construction et de la rénovation. C'est un objectif structurant des politiques de court, moyen et long terme, mais le plan de relance (dont nous ignorons le détail au moment d'écrire ces lignes) ne doit pas se limiter à un bonus, aussi gros soit-il, à l'isolation thermique des logements.

Ce serait une vision trop restrictive de l'enjeu global. Un immeuble, c'est bien plus qu'un bâtiment physique. Ce sujet mérite une vision systémique, qui débute avec les matériaux, le cycle de vie du bâtiment (le Bim), des équipements et de tout ce qui va autour. Le bâtiment est, par définition, un centre de ressources de la vie urbaine, en matière de mobilité, de desserte en transports, de travail, de relations sociales qui doivent déboucher, sur une conception nouvelle qui bénéficie au quartier et à la ville ; exemple : des espaces communs de télétravail au sein des immeubles de logements, afin de limiter les déplacements, des ateliers de réparation de proximité, des accès mutualisés pour des ressources diverses comme par exemple des pôles médicaux etc.

L'industrie immobilière doit y prendre toute sa place. Nous devons être prêts à accompagner ce mouvement de fond qui préfigure le marché de demain. Le rôle des professionnels sera indispensable, mais sensiblement différent ; la future loi Nogal en sera un vecteur : nous devons d'ores et déjà nous montrer agiles et réactifs !