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TAUX / FINANCEMENT

Transition énergétique : l'enjeu du moment pour les copropriétés

Après plusieurs années de sensibilisation et d'incitation à engager des travaux de rénovation énergétique, les copropriétés françaises ont pris un retard important. Le patrimoine collectif s'en trouve dévalorisé. Henry Buzy-Cazaux, qui avait créé dès 2008 avec Philippe Pelletier le Chantier Copropriété du Plan Bâtiment Durable et en avait été le premier président, analyse la situation et voit l'avenir avec confiance. Le concept de "rénovation embarquée"de la loi Royal lui semble réaliste et efficace.

L'édition 2016 du Salon national de la copropriété, qui se tiendra les 23 et 24 novembre prochains, sera mis sous le signe de la transition énergétique. Parrainé par le Plan Bâtiment Durable, avec le soutien de la ministre du logement et de l'habitat durable, Emmanuelle Cosse, l'événement fera la plus large place aux questions liées à la modernisation énergétique des immeubles collectifs et aux acteurs de cette évolution. On pense bien sûr aux entreprises tous corps d'état, aux architectes, aux bureaux d'étude spécialisés, aux diagnostiqueurs. Il faut surtout penser à ceux qui conduisent les copropriétés et en ont la responsabilité finale, les copropriétaires et les syndics. Clairement, le constat dût-il être douloureux, la copropriété a pris un retard considérable sur le chemin du développement durable et il est besoin d'aller désormais à marches forcées. De toute façon, les pouvoirs publics l'y mènent: le temps de la conviction, de l'incitation, de la sensibilisation, est révolu et vient le temps de l'exigence.

Deux décrets des 30 et 31 mai derniers, pris en application de la loi Royal pour la croissance verte et la transition énergétique, promulguée en août 2015, sont explicites à cet égard. Le premier fait obligation d'installer dans les immeubles en copropriété des répartiteurs de consommation de chauffage, qui devront être opérationnels avant avril 2017 ; le second impose que les interventions importantes touchant à la couverture ou à la façade des immeubles soient assorties dès l'an prochain de travaux d'économie d'énergie. C'est le concept de rénovation embarquée. Pour autant, la coercition juridique ne parviendra à rien sans l'adhésion: au principe de la copropriété il y a la décision collective, qui est l'expression de la volonté des copropriétaires. Que va-t-il falloir faire pour convertir les copropriétés à l'utilité de la transition énergétique ? D'où vient le retard ? D'où viennent les résistances ?

Deux freins principaux. D'abord, les copropriétaires sont sur le versant de l'investissement et répugnent à dépenser si le retour à en attendre est impalpable. En matière de travaux de réfection ou de réparation, les choses sont limpides: on corrige un dysfonctionnement et on voit bien ensuite si le travail a été efficace. Pour les économies d'énergie, on est dans le pari, dans l'espérance, et l'acte de foi, lorsqu'il coûte, apparaît comme un risque. Les copropriétaires sont mécréants, et c'est normal. Il faut que les discours de conviction tenus par les syndics soient plus scientifiques, plus rationnels. Oui, la culture du développement durable, l'intérêt à

l'avenir de la planète sont dans tous les esprits ou presque, mais la problématique du retour sur investissement est cruciale et déterminante. Or, nous voilà à l'ère de cette approche et même le décret sur la rénovation embarquée y fait référence. Si la preuve n'est pas rapportée aux copropriétaires que le retour sur investissement est inférieur à dix ans, alors ils peuvent s'exonérer de l'obligation règlementaire. On sait aujourd'hui de façon assurée calculer l'échéance à laquelle la dépense va finir par rapporter, et les copropriétaires n'auront plus l'impression de l'absurde et de la foi aveugle.

Le second frein est directement financier : où trouver les moyens de payer les travaux nécessaires ? Les copropriétaires, représentatifs des ménages français, ne vivent pas dans l'aisance économique. Qui plus est, plus de la moitié d'entre eux sont accédants à la propriété, c'est-à-dire assument la charge du remboursement de leur logement et toute dépense supplémentaire leur est douloureuse. Les syndics doivent accompagner l'invitation à engager des travaux de l'ingénierie financière nécessaire. Entre l'obligation d'épargne de la loi ALUR, les aides fiscales publiques, les certificats d'économie d'énergie et les prêts collectifs, les leviers existent et ils n'ont même jamais été si nombreux ni si puissants.

Bref, l'ambiance est à l'accélération de l'histoire pour les copropriétés et ses parties prenantes. A la clé d'ailleurs, il s'agit non seulement de mettre aux normes énergétiques pour abaisser le coût de fonctionnement, mais de dégager une authentique valeur verte des immeubles collectifs, de leurs parties communes et des lots privatifs, qui constituent le patrimoine des copropriétaires.

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