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TENDANCE

LE BOIS POUSSE DANS L'IMMOBILIER

Jadis extra-terrestre du marché de l'immobilier, la construction bois gagne du terrain chantier après chantier.

Dernier projet en date : le Baobab, un Bâtiment de Grande Hauteur (BGH) de 35 étages, qui pourrait voir le jour dans le XVIIème arrondissement de Paris. C'est la preuve la plus manifeste que les techniques ont évolué et que le matériau bois est devenu tendance.

Un gratte-ciel en bois de 35 étages en plein Paris ! Le projet fou de l'architecte canadien Michael Green se veut tout aussi révolutionnaire que celui de Gustave Eiffel en 1889. L'immeuble, construit en lamellé-collé, surplomberait le périphérique et accueillerait des logements sociaux, une auberge de jeunesse ainsi qu'un jardin suspendu. Ce serait surtout le signal qu'une nouvelle construction bois est possible.

Car le bois a aujourd'hui tout pour séduire. Il est au coeur des enjeux de la transition énergétique. «Les envies sont grandes», convient Jean-Philippe Ferreira, directeur de la communication chez Ossabois, le spécialiste historique de la construction bois et partenaire de Bouygues Immobilier depuis 2012. «L'immobilier bois collectif pointe le bout de son nez dans toutes les villes. La communication autour du produit est bonne : on parle de chantier propre et silencieux, d'une filière sèche (qui ne consomme pas d'eau) et de délais de construction réduits comparés à ceux d'une construction traditionnelle en dur. Mieux encore, en 2015, la construction bois représente 11% du marché du bâtiment tous matériaux confondus. En 2010, elle était à 10%, ce qui prouve qu'elle reste stable malgré la crise».

Le bois n'est plus cantonné à la maison individuelle. Ainsi Ossabois a-t-elle pu signer un accord-cadre pour la conception-réalisation industrialisée de 2000 logements étudiants en constructions modulaires pour le compte du CNOUS (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires), l'organisme de tutelle de l'ensemble des CROUS de France. De la même manière, le plus gros acteur du secteur, Arbonis, filiale bois de Vinci Construction, réalise désormais un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros avec une centaine de réalisations. « La liste de nos chantiers est longue et variée, la société est présente dans tous les secteurs de la vie, l'enseignement, le médical comme les ouvrages d'art », se félicite Eddy Magne, son directeur. « En 2008, année où j'ai pris la direction de l'entreprise, le tertiaire, c'est-à-dire les commerces, les bureaux et les collectivités publiques, se sont mis à vouloir de la construction bois. L'industrialisation des techniques a été essentielle pour notre développement. Mais ce n'est pas ce qui attire les investisseurs privés. Ils viennent pour l'image que le matériau va leur renvoyer, à la fois écologique, élégante et complètement dans l'air du temps. Limiter l'empreinte carbone, c'est l'obsession des investisseurs actuels ».

Désormais, tous les regards sont tournés vers le BGH, Bâtiment à Grande Hauteur, dont le développement est soutenu par le gouvernement dans le cadre des « 9 solutions industrielles du quotidien » du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Cette démarche innovante, sur un marché prometteur au vu de l'augmentation de la population urbaine, devra néanmoins relever un défi, celui de l'acoustique: « Pour éviter d'entendre le voisin du dessus ou tous les bruits de la cage d'escalier, il faut créer de la masse », explique Eddy Magne. « Dans les services de R&D d'Arbonis, nous sommes convaincus que l'avenir du BGH en bois passe par un mix bois-béton. Cette association est d'autant plus intéressante qu'elle permet aussi de réduire les coûts. Un bâtiment 100% bois, c'est 15% de plus que le prix du marché traditionnel. En intégrant du béton, on rentre dans l'enveloppe. Deux bonnes raisons pour Arbonis, de ne faire que très peu de 100% bois ».

C'est aussi le mix bois-béton que l'on retrouve dans les immeubles d'habitation de REI France, la société de promotion immobilière basée à Montreuil. « Chaque projet a son ingénierie », précise Paul Jarquin, le fondateur de REI France, également administrateur de l'ADIV Bois, l'Association des Immeubles à Vivre en bois, chargée de promouvoir les BGH bois. « Mais c'est vrai que l'association noyau en béton, murs en ossature bois et système poteaux-poutres, est la plus convaincante. L'avenir, c'est de produire entre 25% et 50% d'immeubles bois en ZAC. Les maîtres d'ouvrage public et les opérateurs sociaux ont compris que les performances de la structure bois complétée par la qualité isolante du bâti assuraient des factures énergétiques revues à la baisse, ainsi qu'une réduction des gaz à effets de serre ». Le développement du BGH dispose d'un autre allié : le prix du foncier, toujours plus élevé dans les grandes villes. « Construire une tour dont l'emprise au sol est réduite et en augmenter le nombre d'étages avec des concepts en R+7, R+10 et pourquoi pas R+15, est techniquement réalisable et plein de bon sens. Le concept parle à l'investisseur privé, souvent moins sensible à la valeur verte d'un logement mais très concentré sur le développement du parc locatif ». REI France est partie prenante dans le projet du Baobab, présenté, en juin dernier, à la municipalité parisienne, dans le cadre de l'opération « Réinventer Paris ». Si le bâtiment séduit, un jury international décidera peut-être de faire sortir de terre ce Baobab franco canadien.

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