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BERNARD CADEAU :« LE MARCHE IMMOBILIER RETROUVE DE LA VIGUEUR»

Le marché de l'immobilier en France serait-il en train de reprendre ? Avec des indicateurs qui passent doucement au vert, la question est de mise. Une situation que confirme Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, avec toutefois quelques retenues.

Après plusieurs années difficiles, quel portrait de l'immobilier dressez-vous aujourd'hui ?

Il y a globalement toujours un déséquilibre entre l'offre et la demande. Il n'y a pas assez de logements en France, on a très peu construit en 2014 et on ne sait pas ce que sera le niveau de la construction en 2015. Donc, cela nous inquiète. Nous, professionnels, préférons qu'il y ait beaucoup de constructions parce que, à terme, cela devient des biens de seconde main, c'est-à-dire notre marché.

Plus précisément, quelle est la situation dans l'ancien ?

Le marché de l'ancien se porte plutôt bien. Nous avons craint le pire au printemps 2014, au moment où la loi Alur s'est appliquée : elle est tellement complexe qu'elle a bloqué le marché et les processus de vente, engendrant des retards considérables. Lorsque l'on regarde la fin de l'année 2014 et le début 2015, on constate une activité bien meilleure que ce que l'on aurait pu imaginer, avec un nombre de ventes au global, en France, assez soutenu. C'est un début d'année avec une forte activité dans les agences, mais toujours dans un environnement très complexe.

Et le marché locatif ?

Le marché de la location se porte bien également. Il est très actif avec +50 % de demandes sur le site Orpi en quelques mois. Cette tendance est certainement la onséquence d'un marché d'achat qui est plus rude et où les clients se reportent sur la location. Malheureusement, cela va amener un autre problème : si la confiance des investisseurs en locatif n'est pas au rendez-vous, un souci de pénurie et une nouvelle pression sur les prix réapparaitront. C'est une évidence.

Dans ce contexte, peut-on réellement parler de reprise ?

Il ne manque pas grand-chose pour que l'on ait un redémarrage affirmé. L'immobilier connaît le même débat que celui concernant les entreprises et l'investissement : les paramètres sont au vert, les taux d'intérêt sont bas, les prix sont raisonnables. Objectivement, il y a tout ce qu'il faut pour que le marché reparte et même reparte fort. Mais une nouvelle fois, il manque cet ingrédient indispensable : la confiance. De mauvais signaux ont été envoyés aux investisseurs ou potentiels investisseurs. La loi Alur les a stigmatisés comme étant les responsables de la situation sur le marché. C'était eux qui faisaient grimper les prix. Puis ils ont entendu parler de blocage des loyers, ou même de réquisition. Aujourd'hui on évoque un encadrement avec la difficulté qu'on connaît de mettre en place le fameux Observatoire des loyers.

Quelles solutions pourraient être envisagées selon vous ?

Nous sommes parallèlement plongés dans un autre paradoxe. Il existe une épargne forte en France. Son taux est l'un des plus élevés, si ce n'est le plus élevé de la zone euro. Or, l'épargne est très mal rémunérée puisque les taux d'intérêt sont très bas. Tout cela est logique. Ce qui l'est moins c'est qu'avec une épargne si forte, les particuliers n'optent pas pour un placement pérenne tel que l'investissement immobilier. Pourquoi ? Toujours en raison de ce manque de confiance. Ils craignent que la fiscalité soit changeante, que la réglementation soit trop tatillonne, etc. Un des bons moyens pour les rassurer serait de lancer un moratoire sur tous les textes d'ordre législatif, réglementaire et fiscal ayant trait à l'investissement immobilier pendant, par exemple, 5 ans. Cela redonnerait une perspective. Aujourd'hui, pour un investisseur privé, l'immobilier est le placement qui rapporte le plus. L'un des avantages pour l'investisseur réside dans le fait que la charge financière est partiellement ou totalement remboursée par les loyers perçus de la part des locataires.

Vous dénonciez, avec force, la loi Alur il y a un an. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Nous, les professionnels, nous nous sommes dépensés sans compter pour argumenter et expliquer quelles étaient les inepties de la loi. Si on nous avait écoutés, cette loi n'aurait pas vu le jour, ou n'aurait pas été faite ainsi. Nous essayons donc de revenir à des choses de bon sens et pragmatiques. On a réussi sur certains points à faire bouger les choses. Après, cela serait stupide de dire que rien n'est bon. Mais que d'énergie dépensée, de stress, de mauvais messages, de confiance détruite au travers de tout ça ! Trop de réglementation tue la transparence. Un exemple : quand on signe un compromis de vente et que vous annexez 250 à 300 pages de documents, croyez-vous que les clients les lisent ? Où est l'aspect vertueux des choses qui serait lié à une meilleure information du client ? Il n'y en a pas. Quand je suis obligé de faire signer 300 pages à mon client, il prend cela pour ne punition, il n'a pas envie de lire, et au bout du compte il est tout aussi frustré, car il n'a pas l'information minimum. En tant que professionnel, on sait que donner de l'information à notre client fait partie de sa demande et nous lui apportons naturellement, nous n'avons aucun intérêt à lui cacher. Une véritable notion de nuance est à apporter dans tout ça

Comment voyez-vous évoluer la profession ?

Je crois beaucoup à l'idée que pour que notre profession ait un avenir souriant, il faut que nous restions groupés et solidaires. C'est la démonstration que nous sommes en train d'apporter. Je crois également énormément aux vertus du mandat exclusif. C'est très important, pour le client et pour l'agent immobilier. On est à un peu plus de 40 % de mandats exclusifs chez Orpi, avec l'objectif d'atteindre les 50 %. Avec un mandat exclusif, un bien se vend aujourd'hui 3 à 4 fois plus vite qu'avec un mandat simple.

Et le réseau Orpi, comment se porte-t-il ?

Notre campagne télévisuelle se poursuit, et nous nous préparons à fêter un événement important en 2016 : les 50 ans de notre réseau. Nous tâchons aussi d'innover et d'être au plus près de la demande de nos clients. Sans omettre de répondre, bien entendu, aux attentes de nos adhérents à travers la coopérative, structure qui séduit de plus en plus. Nombreux sont ceux qui s'en réjouissent car, lorsqu'on est agent immobilier, qu'on a choisi d'être un entrepreneur indépendant, on tient à son indépendance. Et si intégrer un réseau peut paraître une contrainte vu de l'extérieur, on est dans une coopérative, un système souple et apportant le bénéfice d'un réseau national avec des campagnes de communication, la formation, l'outil Internet, etc. En même temps, on reste maître de son destin, car les plans d'action sont votés en assemblée générale, et le fait de participer à la stratégie du groupe et de pouvoir dire, le cas échéant, « nous ne sommes pas d'accord » a de la valeur pour des entrepreneurs individuels. Cela a du sens et nous en sommes fiers.

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