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TRIBUNE / A L'AFFICHE

LE GOUVERNEMENT A PRIS ACTE DE L'ÉCHEC D'UNE PARTIE DE SA POLITIQUE

Manuel Valls a émis, le 29 août dernier, des propositions pour relancer le secteur du logement. Qu'en avez-vous pensé ?

Elles sont pragmatiques et réalistes. Le gouvernement a pris acte de l'échec d'une partie de sa politique, notamment au regard du nombre de mises en chantier très inférieur aux objectifs qu'il s'était lui-même fixé. Il s'agit donc d'un réajustement pour que le secteur fonctionne mieux.

Les signaux envoyés par le gouvernement sont donc,selon vous, positifs ?

Ils ne sont en tout cas plus aussi négatifs que les précédents. Dans la loi ALUR, quel que soit la position des uns des autres, il faut bien constater que les propriétairesbailleurs avaient perçu ce dispositif et son annonce comme une marque de défiance à leur encontre.

Donc pour l'instant, nous sommes plutôt dans des mesures qui vont dans le bon sens, même si elles restent restreintes et ne sont pas parfaites.

Une poignée de jours avant,la FNAIM avait précédé cette annonce du Premier ministre en formulant ses propres propositions pour venir en aide au secteur du logement. Concordentelles avec cellesdu gouvernement ?

Les nôtres sont plus précises et vont plus loin. A la FNAIM nous pensons que lorsque l'on prend des mesures il ne faut pas opposer le neuf et l'ancien, traiter l'un et oublier l'autre. Prendre des dispositions pour le neuf c'est bien. Prendre des mesures pour assouplir la fiscalité sur la vente de terrains à bâtir, c'est bien aussi.

Les cessions de terrains pour pouvoir construire vont en être ainsi favorisées. Prendre des mesures d'élargissement du Duflot avec des choix de durées de 6 et 9 ans c'est également utile. Mais dans tout cela il n'y a rien pour le logement existant.

Justement, qu'est-ce quela FNAIM préconiserait pour donner un nouveau souffleà l'ancien ?

Nous ne demandons pas d'avantages fiscaux sur le logement existant. Ce dont il faut simplement convenir c'est que, bien souvent, les personnes achetant du neuf le font car ils revendent un bien ancien. Or, s'ils ne parviennent pas à le revendre, ils n'achèteront pas de neuf non plus. Le parcours résidentiel de nos concitoyens ne peut pas être négligé.

Les primo accédants, ciblés avec le prêt à taux zéro dans le neuf, ont très souvent un manque clair de moyens. Ils sont dans des zones où ils ont trouvé du travail, où les prix sont élevés, et quand ils veulent investir dans le neuf, le coût est encore plus élevé ayant pour conséquence leur renoncement. Ils vont ainsi se tourner vers le marché de l'ancien, et constater qu'il n'existe aucun prêt à taux zéro pour les aider. Nous pourrions donc songer à une solution pour les plus jeunes, ceux qui ne sont pas imposés ou ceux qui n'ont quasiment pas d'apport.

Parmi les autres propositions que vous émettez, vous évoquez la lourdeur des frais de mutation, qui sont en France dans le palmarès des plusélevés d'Europe...

Ils sont trop chers, il faut les réduire. En mars nous avons encore surenchéri en les augmentant de 0,7 %. C'est anti-économique et ce n'est pas la bonne direction. Ce qui nous fait également penser au don intergénérationnel. Manuel Valls a évoqué un don qui serait exonéré de droits à hauteur de 100 000 € mais réservé uniquement au neuf.

Le logement existant est de nouveau oublié. Nous savons bien qu'aujourd'hui, avec l'allongement de la durée de vie, nous n'héritons plus de nos parents mais de nos grands-parents.

Nous pourrions donc davantage penser à un don intergénérationnel de grands-parents à petits-enfants dont une partie bénéficierait d'une exonération de frais de donation.

C'est un processus que l'on remarque beaucoup dans d'autres pays en Europe, puisque ces dons intergénérationnels permettent d'accéder à la propriété ou à d'autres postes de dépenses importants contribuant à relancer l'économie.

Au premier semestre 2014, davantage de foyers ont pu accéder à la propriété grâce à un maintien assez bas des taux d'intérêt. Cette tendance est-elle partie pour durer selon vous ?

Nous l'espérons. Cela casserait complètement la dynamique s'ils venaient à remonter en flèche. Tout le monde est assez mesuré sur ce point.

Néanmoins, il faut se montrer vigilant, une simple augmentation d'un demi point freinerait l'activité, et les taux d'intérêts bas sont actuellement le seul élément permettant au secteur du logement de sortir un peu la tête de l'eau. Mais il faut rester vraiment prudent.

Si la BCE décidait d'augmenter les taux pour reconstituer les marges bancaires, nous aboutirions à une situation réellement inquiétante.

Lors du remaniement ministériel, Manuel Valls a reformulé sa confiance à Sylvia Pinel en la maintenant au poste de ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, ajoutant même la Ruralité. Comment avezvous accueilli cette nouvelle ?

Nous l'avons très bien accueillie. L'avantage avec Mme Pinel est que nous avons déjà amorcé des discussions, comme c'était le cas avec Mme Duflot d'ailleurs, que nous nous connaissons et que nous mesurons la possibilité de travailler de concert.

Quant à la ruralité, nous la défendons ainsi que l'aménagement du territoire. Nous voyons bien qu'aujourd'hui nous avons des zones qui fonctionnent différemment parce que de grandes distorsions existent entre les villes économiquement performantes et celles qui le sont moins. C'est donc pour nous un fait favorable.

Comment percevez-vous les actions de Mme Pinel sur le dossier ALUR ? Nombreux sont ceux à la dire plus à l'écoute, plus rassembleuse que Mme Duflot.

Mme Duflot divisait fortement et pouvait avoir des idées très arrêtées sur certains sujets. Plus que Mme Pinel c'est certain. Cela dit, nous n'avons pour l'instant pas encore suffisamment de recul pour réellement juger.

En termes de communication, les annonces abruptes faites par le ministère de Cécile Duflot ont fait beaucoup de mal. On a eu l'impression qu'il fallait sanctionner le propriétaire-bailleur tandis qu'il fallait faciliter la tâche au locataire, tout étant irrémédiablement compliqué pour lui.

L'erreur qui a été faite, a été de vouloir appliquer une loi adéquate uniquement pour Paris à tout le territoire français. Nous sommes conscients qu'il est difficile de se loger à Paris, mais on ne peut pas appliquer au Gers ou à la Creuse ce que l'on applique en Ile-de-France.

Tel que vous le dîtes il est effectivement difficile de se loger à Paris. La Loi ALUR, malgré les divisions qu'elle engendre, est donc tout de même légitime ?

Oui, elle l'est, bien sûr. Des mesures telles que l'encadrement et la formation des professionnels, l'éthique, la déontologie, la transparence des comptes des syndics... étaient nécessaires. Par contre, sur la loi 89 ou sur l'encadrement des loyers où l'on fige la rentabilité des investissements locatifs alors que les contraintes sont plus nombreuses, ce n'était pas indispensable.

Tandis qu'un rééquilibrage des uns et des autres était attendu, on a créé davantage d'inégalités.

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