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TRIBUNE / A L'AFFICHE

« MON ENGAGEMENT POUR LA PROFESSION EST HISTORIQUE »

Philippe Taboret, directeur général adjoint de la société de courtage en prêt immobilier CAFPI revient sur sa récente nomination à la présidence de l'APIC, sur la santé économique de son groupe, ainsi que sur la situation du marché et sur les récentes actualités telles que la loi Hamon et la titrisation.

Vous avez été élu le 9 janvier dernier président de l'Association Professionnelledes Intermédiaires en Crédits (APIC), quelle a été votre réaction ?

Je m'attendais à cette élection, puisque j'ai mené, depuis la création de l'association, un travail de fond très important. Mon engagement pour la profession est historique. Un métier que j'exerce depuis maintenant 30 ans, que j'ai toujours mis beaucoup de coeur à défendre pour le faire évoluer et l'aider à s'élever en termes de reconnaissance. J'ai commencé à m'intéresser à tout cela après la crise 2007 et la régulation du marché. Notamment avec le rapport Deletré qui visait les intermédiaires en financement. J'ai préconisé de ne pas s'entretenir avec les ministères sous le nom de CAFPI mais au nom d'une association qui regrouperait les grands acteurs du courtage (Meilleur Taux, Empruntis..), afin d'avoir du poids.

L'APIC n'existe que depuis 2010 mais bénéficie aujourd'hui d'une belle représentativité. Comment aimeriez-vous laisser l'association au terme de votre mandat de 2 ans et quelles vont être vos missions prioritaires ?

Pour moi, la mission principale va se concentrer sur l'ouverture. Le rôle de l'APIC est d'accompagner tous les acteurs de la profession. Qu'ils se dotent des outils nécessaires, comprennent les textes, s'adaptent aux nouvelles contraintes. Les aider à devenir de vrais professionnels d'expertise. Aujourd'hui les courtiers sont des hommes de compétence mais qui doivent répondre à de strictes exigences. Les assurances, la formation, les documentations, les évolutions. L'ACPR peut à tout moment venir nous contrôler. En résumé, aider la profession à bien travailler et le faire savoir. En étant un personnage médiatique, en organisant des conventions, en participant à des conférences. Faire savoir au grand public que l'APIC est l'organe qui va permettre aux consommateurs d'être sécurisés, et garantit que les courtiers qui adhèrent à l'association respectent des règles déontologiques bien précises. Faire comprendre, d'un autre côté aux professionnels, qu'en rejoignant l'association, ils sont assurés d'être dans la bonne ligne. Une sorte de label en quelque sorte.

Un nouveau statut de président qui vient s'ajouter à votre activité quotidienne de directeur adjoint de CAFPI. Comment se porte cette dernière ?

CAFPI se porte très bien et a fait une merveilleuse année 2013. Nous avons enregistré des volumes importants. En dépit du fait que le courtage de prêts immobilier soit notre coeur de métier depuis 43 ans, nous n'avions jamais produit autant de crédits. Nous avons produit un peu plus de 30 000 dossiers de crédits pour plus de 6 Md€ de crédits débloqués. C'est un record historique qui donne à CAFPI une dimension très importante : nous sommes désormais leader sur le marché. Mais c'est encore plus important du fait de l'exemple et du modèle que l'on doit donner à l'ensemble de l'activité.

Un succès vraisemblablement rendu possible grâce à la stagnation des taux...

Bien sûr. Le marché a été particulièrement bon, à l'inverse de ce qui était pronostiqué début 2013. On a eu des volumes de transactions à peu près identiques à ceux de 2012, qu'il s'agisse de nombre d'opérations, d'accessions à la propriété ou d'investissements locatifs. Mais la partie crédit, qui nous concerne spécifiquement, a été dopée par le rachat de crédit. Puisqu'en plus des opérations de financement classiques, on a eu une progression de l'ordre de 30 % du volume de crédits sur la renégociation de taux avec des emprunteurs qui avaient obtenu des prêts à taux élevés et qui ont souhaité faire baisser leurs échéanciers ou leurs mensualités de crédit.

Comment ressentez-vous ces deux premiers mois de 2014 ? Retrouve-t-on cette même dynamique ?

Comme tous les mois de janvier et février, le début d'année est toujours le moment de souffler. Il y a eu les fêtes, la rentrée, la reprise... Ce sont des mois très faibles pour la production de nouveaux clients. On signe beaucoup d'affaires déjà engagées l'année précédente, mais par contre, en termes de nouveaux clients, ce n'est pas la période la plus faste. On va retrouver une activité forte dès le printemps. On va sentir une accélération de la demande dès mars. Ce qui est assez logique. Les gens s'intéressent beaucoup plus à l'accession et à l'investissement avec l'arrivée des beaux jours et lors de la rentrée de septembre, après l'été. Donc la période forte pour nous commencera d'ici 2 semaines voire un mois.

Les primo-accédants auraient d'ailleurs, apparemment,signé leur grand retour...

Alors « grand » peut-être pas, mais ils ont signé un certain retour, ça c'est certain. Ce qui a manqué en 2013 dans la production, c'est bien les primo-accédants. On a diminué par deux le nombre d'opérations de primo-accédants l'année dernière. Mais les opérations ont été compensées par les secondo-accédants.

Les prix ont baissé, les taux sont bas et les Français s'impliquent de nouveau alors qu'ils étaient un peu coincés avec les histoires de plus-values, de prêts relais nécessaires... Cela dit, en fin d'année 2013, les primo-accédants sont réapparus, même si la majeure partie de cette population manque encore à l'appel : les plus fragiles, ceux qui ont besoin d'une aide pour franchir le pas de l'accession à la propriété. Il existe pourtant une aide efficace avec le prêt à taux zéro dans le neuf. Toutefois il est absent dans l'ancien et je milite ardemment pour sa mise en place.

Vous attendez-vousà de grands changementsavec le passage de la loi Hamonet la possibilitéde résilierson assurance emprunteurdans les 12 mois aprèssa souscription ?

La loi Hamon nous concerne tout particulièrement parce que pour proposer une offre complète nous sommes courtier en crédit mais également courtier en assurance emprunteur. Il faut bien savoir pourquoi la loi Hamon est revenue sur ce volet assurance emprunteur.

La loi Lagarde avait déjà tapé du poing sur la table en 2010 pour que les banques cessent d'imposer leurs assurances. Elle a simplement rappelé un article de loi : l'interdiction de faire des ventes liées. Mais les banques ont bloqué la situation en invoquant des bons prétextes et certains moins justifiés.

La loi Hamon vient donc rappeler les faits pour forcer le marché à se libéraliser. Pour nous, cela va changer les choses par rapport à notre devoir objectif de conseil. On ne pouvait pas jouer notre rôle si les banques nous obligeaient à vendre leurs produits. Et la diminution des contrats groupe et la segmentation des couvertures par profil de risques sera particulièrement avantageuse pour les emprunteurs et fera diminuer, pour beaucoup, le poids de l'assurance au sein du crédit.

Que pensez-vousde la titrisation ? Cette technique de refinancementqui a été autorisée et,même promue, récemmentpar la Banque de France.

Heureusement, tous les crédits ne vont pas être faits sous forme de titrisation.

Aujourd'hui, les banques qui financent les crédits immobiliers sont essentiellement des banques de dépôt. Il n'existe plus, hormis le Crédit Foncier, de banque spécialisée. Un acteur qui ne profite pas des ressources de ses clients et n'a pas accès dans les mêmes mesures à la Banque Centrale Européenne et au refinancement des banques, puisque ce n'est pas une banque de dépôt. La titrisation était donc le moyen idéal pour le banquier pour réalimenter ses caisses et lui permettre de prêter à nouveau.

Mais la Banque de France veut aujourd'hui que toutes les banques se mettent à la titrisation, pour que la BCE cesse de faire tourner la planche à billets et qu'elle se désengage peu à peu car ce n'est pas son rôle. Les banques ont besoin de s'alimenter seules. Elles devront suivre le modèle du marché. Créer des valeurs, les vendre à des institutionnels, mettre de l'argent sur des placements sans risques très importants. Mais une titrisation, même de l'ordre de 20 à 25 % des crédits, aurait une conséquence sur les taux immobiliers.

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